Elles sont attendrissantes, les mamies. Leurs jolies petites rides témoignent soit d’une vie pleine de tracas, soit d’une vie pleine de rires. Parfois les deux.
On a toujours un élan de solidarité lorsqu’on les voit traverser sur un passage piéton, tout doucement, les jambes flageolantes.
Elles sont mimis, les mamies quand elles font prendre l’air à Mirza. Le Mirza d’une mamie c’est tout un concept, j'y reviendrai sûrement dans un futur billet. Le Mirza est souvent petit, histoire que mamie reste maîtresse de la situation.
On les trouve attendrissantes, jusqu’à….
…jusqu’à ce que l’on rentre en territoire de guerre. La surface carrelée du supermarché est un sol où roulent impeccablement les chariots lorsqu’ils n’ont pas de feuille de salade coincée dans la roue avant-gauche. Vous n’êtes déjà pas heureuse de faire les courses, alors mains agrippées au chariot, vous franchissez l’entrée du magasin avec l’intention d’en ressortir au plus vite. Vous vous êtes transformée pour un temps en GPS : pour les pizzas prenez la deuxième à gauche…pour les tomates, abrutie, c’était à droite mais vous avez dépassé le rayon…le dentifrice…déviation…bé nan connasse fallait pô t’engager là !!!
Après un temps considérable à faire des allers-et-retours (GPS de merde), vous reprenez du poil de la bête en songeant que vous respirerez sous peu l’air frais et pollué du parking. Aussi de loin vous avez repéré LA caisse dont la file d’attente ne s’allonge pas jusqu’au milieu du magasin. Vous vous dites alors que quand même, vous vous devez d’accélérer le pas, ce que vous faites. Et pile 2 minutes après que vous ayez gagné cette place dorée, vous la repérez. Elle arrive droit sur vous. Tremblez chère cliente, tremblez !
A ce moment précis, vous ne savez pas encore comment Mamie va procéder. Car ces mamies-là ont 2 méthodes d’attaque :
-la méthode 1 : la culpabilisation pas gentille. La mamie se place à côté de vous. Au fur et à mesure que les secondes s’écoulent, vous sentez le coupe-vent de la petite dame de coller de plus en plus contre vous. Vous la soupçonnez d’hésiter à vous donner un violent coup de postérieur pour vous éliminer de la file d’attente. Au bout d’1 minute et 23 secondes, vous commencez à entendre un grommellement qui se fait de plus en plus distinct. « Les jeunes…ggmbl…aucun respect…mmrfflll…Et ma sciatique qui m’reprend….ggnnaark… les p’tits cons d’aujourd’hui…grgmbbl…un bon coup d’pied dans l’cul, oui…»
-la méthode 2 : la culpabilisation gentille. La mamie arrive donc et se place derrière vous dans la file d’attente. Vous retenez votre respiration, vous demandant à quelle sauce vous serez mangée. Et là :
Mamie - « Vous en avez de beaux cheveux mademoiselle
Coko - Merci, c’est gentil
M. - …*sourire*
C. - …*sourire frémissant*
M. - Quand j’étais jeune j’avais des longs cheveux moi aussi. Enfin…Le temps
passe…*regard perdu dans le vague*
C. - …
M. - Qu’est-ce qu’il y a comme monde…Dire que je suis venue cet après midi exprès
pour ne pas avoir à rester trop longtemps debout ! *regard angélique*
C. - … (ayayaye ça va me tomber dessus)
M. - Normalement mon fils, il aurait dû venir me voir. Il m’aurait aidée… Mais bon, il
est marié, il a des enfants, il a sa vie… Donc je me débrouille toute seule, avec mes
rhumatismes et mes douleurs partout et mon Mirza resté tout seul à la
maison… Mais bon, puisqu’il faut attendre… »
Difficile de lutter. Malgré l’énergie que déploie votre esprit, il se laisse couler lentement mais sûrement dans une épaisse culpabilité bien collante. Mamie obtient ce qu’elle convoite, vous et vos quelques articles reculez d’une place, histoire de ne pas vous faire aplatir par le chariot plein à ras-bords de Mamie-manipulatrice.
Heureusement chers amis, seul un petit pourcentage de nos mamies-adorables est capable de muter ainsi en Terminator. Mais restez vigilants, la menace rôde...